Chien loup Tchecoslovaque (CLT) ou saarloos (CLS)… Non pas qu’il y en ait une mieux que l’autre, elles ne correspondent pas au même profil d’adoptant, et vu la complexité de chacune, il faut bien les connaitre avant d’en accueillir un dans sa famille.
Malgré des ressemblances physiques importantes, elles ont une histoire, un tempérament et des besoins très différents.
Je ne ferai pas de comparaisons physiques, car vous trouverez bien assez d’articles sur le net qui l’expliquent déjà très bien.
Ci dessous, saarloos à gauche, tchèque à droite.
Le caractère du chien-loup tchécoslovaque
Le chien loup tchèque est issu du croisement loup des carpates x berger allemand.
Ce croisement visait à obtenir un chien de travail, avec la force du loup et l’obéissance du berger allemand. Le standard souhaite un chien avenant, courageux, loyal, rustique, plein d’énergie pour marcher des heures et des heures autour des prisons tchécoslovaques. Je dis « visait » car ils n’ont pas obtenu le résultat voulu. Chaque fois que l’on rajoute du sauvage, on perd de l’obéissance, pour laisser la place au libre arbitre. Nous avons donc un chien-loup aux capacités physiques améliorées, il est très résistant, endurant, intelligent et avec beaucoup d’énergie. Un peu plus volontaire dans le travail que le CLS, il n’est cependant pas obéissant comme un berger allemand.
Photo ci contre : Un loup des carpates utilisé pour créer le chien loup tchèque.
Plutôt indépendant, têtu, courageux, extrêmement curieux, il a envie d’aller découvrir et contrôler tout ce qui l’entoure.
Le chien loup tchécoslovaque, selon mon expérience, correspond à une personne aguerrie en éducation canine positive, qui sache tenir tête à son fort caractère de la bonne manière (c’est-à-dire sans violence), et surtout qui soit sportive. Un humain qui doit pouvoir redoubler de stratégies et d’ingéniosité pour développer l’envi du chien de nous écouter et de suivre notre leadership plutôt que le sien.
Que signifie sportif ? :
Et bien 10km / 500m de D+ de randonnée par jour est un minimum pour certains, la sortie VTT intense en forêt en revenant du travail est aussi un minimum pour d’autres… 3-4 heures par jour d’activité (qui doit varier le plus possible, avec une part activité sportive, une part activité cognitive*) est nécessaire à l’équilibre de ces chiens.
N’importe quel chien, dont les besoins ne sont pas respectés ne peuvent pas évoluer correctement. S’ils sont en manque et frustrés, ils ne peuvent pas apprendre à se poser, à écouter, et à faire les bons choix.
Il peut même devenir réactif (effet d’une excitation trop forte et d’une frustration), et destructeur (même adulte) par ennui.
Activité cognitive* : signifie activité calme, ludique, qui fasse réfléchir.
Une balade olfactive, où nous laissons le chien analyser l’environnement olfactif comme il le souhaite en est une. Le mantrailing (recherche de personne disparue), plus discipliné, ou encore la mastication en sont d’autres exemples très bénéfiques.
Et niveau socia ?
De bonne lignée, et bien socialisé par l’éleveur et ensuite par son adoptant, il devient très amical envers les humains, même ceux qu’il ne connait pas. Sous les mêmes conditions, il peut évoluer en ville sans soucis.
Comment est le tchèque avec ses congénères ? :
Souvent réactif. Généralement même ceux très bien socialisés, même castrés/ stérilisés ; développent à la puberté de la réactivité (plus ou moins élevée) envers les chiens de même sexe.
Wolf content :
moyenne 25-30%
Le caractère du chien-loup de Saarloos
En 1936 fut le premier croisement de la louve européenne « Fleur » et du berger allemand « Gérard » de Leendert Saarloos.
La louve européenne Fleur à gauche et le berger allemand Gérard à droite.
Le chien-loup de saarloos (CLS) a été créé pour avoir un « loup de compagnie » , la sélection l’a donc adouci et rendu plus apte à vivre avec nous.
Il conserve donc l’instinct de l’économie d’énergie du loup, qui se repose dès que possible, la grande sociabilité inter-espèce pour éviter les blessures, une communication perpétuelle avec son environnement, un attachement viscéral à sa famille, et uniquement à sa famille.
Le Saarloos a des besoins sociaux importants, beaucoup d’éleveurs choisissent de ne placer leurs chiots que dans des familles ayant déjà un chien. Ils ont beaucoup de mal à accepter la solitude (mais c’est possible, si nous n’en abusons pas) qui n’est pas naturelle et pas sécuritaire pour eux.
Ils ont besoin de faire pleinement parti de la famille et de se sentir intégrés et respectés. Le saarloos est très (très très) câlin, et se comporte comme un grand chat, à la recherche de contact et de confort.
(Besoin de contact important non observé chez le tchèque).
Les besoins sportifs du saarloos :
Contrairement au CLT, que nous avons plutôt décrit comme actif, le CLS est plutôt un chien avec des besoins d’exploration.
L « ’intensité » d’un sport ne lui fait guère plaisir. Lui, il veut se balader, longtemps, librement, tranquillement, avec sa famille (sa meute), des congénères, dans un espace où il se sent bien = la nature.
Pour enlever toute subjectivité, je dirais qu’ils ont besoin de minimum 15 heures par semaine à marcher (2x moins que le CLT), explorer, sentir, vaquer librement à la découverte d’un nouvel environnement.
Le sens de la meute étant incroyablement fort, la confiance à développer avec eux est primordiale pour les avoir à l’écoute. Nous devons devenir la référence de confiance, de sécurité, le leader qui prend les bonnes décisions.
Hypersensible, c’est une âme à manier avec grande délicatesse, ils comprennent vite (sous peine qu’on explique bien !) et n’ont pas besoin de beaucoup d’intensité dans son éducation. Ce n’est pas non plus un bisounours, et son humain doit aussi savoir se montrer ferme, cohérent, calme. Il tolère peu l’injustice, et nous fait toujours nous remettre en question de nos méthodes, quand celles-ci semblent ne pas fonctionner.
La peur chez le saarloos :
De bonne lignée et bien socialisé (travail de l’éleveur + adoptant), le saarloos n’est pas peureux, mais il reste méfiant. Un chien méfiant bien géré va contourner sans paniquer un nouvel étranger / object / mouvement inconnu ; nous signaler une présence anormale. Il observe beaucoup, analyse l’environnement, qu’est ce qui est safe, de ce qui ne l’est pas ? Qui est digne de confiance, et de qui je dois me méfier ? Est-ce que la voiture ou le VTT me vise t-ils ? Dans le doute, je m’écarte.
Le chien loup de Saarloos en ville :
Ils peuvent apprendre à évoluer plus ou moins sereinement en ville, mais ils n’aimeront jamais ça. Leur besoin d’analyse et d’observation est bousculé par un environnement hyper bruyant, hyper rapide et dans lequel il ne peut pas gérer ses espaces.
Donc, l’humain qui correspond au saarloos devrait lui apprendre à aller en ville pour ne pas rendre cet évènement traumatisant, et continuer de l’y emmener de temps en temps une fois adulte comme étant un exercice, et non comme étant sa sortie plaisir. Et de temps en temps, un restau, partir en voyage en prenant un train, un ferry… oui ! Mais son quotidien ne devrait pas être des trottoirs, des bars et des parcs à chien. Voir la bulle « socialisation » de mon compte instagram.
L’instinct de prédation :
Ce point concerne les deux races de chien loups, qui ont des instincts de chasse très développés.
L’instinct de prédation (prey-drive) est parfois si fort qu’ils commencent à chasser… les autres chiens, même de grande taille, sous peu qu’ils se comportent comme des proies (fuient et crient). La socialisation précoce avec des chiens de toute taille et forme est d’autant plus importante pour les chiens loups.
Il existe une méthode d’éducation pour leur apprendre à ne pas considérer les autres animaux comme des proies (chats, moutons, poules, lapins…), mais c’est un niveau d’éducation élevé qui demande énormément d’investissement : plusieurs heures par jour les deux premières années et une exposition quasi permanente avec l’animal – proie à travailler.
Avec les enfants ?
Saarloos comme Tcheque, utilisent leur bouche beaucoup plus que les chiens, c’est un moyen plus précis de communication.
De mon expérience, les CLT et CLS bien habitués sont très doux et tolérants avec les enfants, que nous devons éduquer à respecter notre chien tout autant que notre chien à respecter l’enfant.
Attention aux jeux de prédation : Les chiens loups (valable aussi pour le saarloos) aiment poursuivre, qui peut surprendre toute personne non habituée car être attrapé et mit à terre fait partie de leur jeu. Là ou un adulte pourrait être surpris, un enfant pourrait être blessé. Malgré toute la bonne volonté du chien qui croyait bien faire en jouant avec son petit copain !
Je recommande des interactions chien-enfant dans le calme, le respect mutuel et sous haute surveillance.
Wolf content :
moyenne 25-30%
Recap
TCHÈQUE | SAARLOOS | |
PREY-DRIVE | +++ | +++ |
SOCIA HUMAIN | +++ | + |
SOCIA CHIEN | + | +++ |
SPORT | +++ | ++ |
CARACTÈRE | Extraverti | Introverti |
EVOLUER EN VILLE | +++ | + |
CÂLIN | + | +++ |
RUSTIQUE | +++ | +++ |
INDEPENDANT | +++ | + |
DISCIPLINE | ++ | + |
Comme dans toutes les généralités, il existe des contres-exemples. Les chiens sont des individus à part entière, et ils sont tous différents les uns des autres, même au sein d’une même race. J’ai déjà rencontré un tchèque sociable avec les chiens, déjà rencontré un saarloos hyper ouvert avec les humains… comme un tchèque qui déteste le sport… Mais en choisissant bien la race, puis la lignée (le caractère des parents), vous augmentez la probabilité de « savoir » quel sera le caractère de votre protégé et donc d’adopter un chien qui vous corresponde le plus possible.